![]() |
|
Les signatures |
S'il semble naturel qu'un livre soit signé, c'est à dire que l'auteur apparaisse sur la couverture (et la tranche), pourquoi un tableau ne le serait-il pas ? Le livre est naturellement le royaume de l'écriture, donc il pourrait paraître évident et naturel que le titre et l'auteur y soient écrits ensemble. Un tableau est bien l'oeuvre d'un artiste. Il est une oeuvre originale, différente d'une autre. Certains peintres signent leurs oeuvres, presque systématiquement comme Durer, Monet, ... plus épisodiquement comme Degas, et beaucoup ne signent pas, préférant leur art à la postérité. La signature est la trace, la présence, l'insertion d'un nom dans une histoire, dans une époque ou un contexte. La fierté et la satisfaction de l'auteur s'exprimet. La signature est inscrite aussi dans un second cas de figure dans les tableaux pour qu'ils soient rattachés à un artiste, mais aussi comme présence parmi tous les tableaux pour leur reconnaissance intrinsèque et différenciant. Une personne ne connaissant pas Monet (style notamment) pourra le connaitre par son nom signé. La notoriété, la connaissance de l'auteur se lit dans un coin à droite ou à gauche. Signer,c'est «se faire un nom». Au Moyen Age, dans les enluminures, la signature équivaut à un autoportrait. À la Renaissance, elle élève l'artisan au rang d'artiste et sa production à celui d'oeuvre.Elle fait désormais partie du processus de création et se décline du monogramme à l'autographe, la «griffe de l'artiste» évoluant elle-même avec le temps et le cours de sa vie. De siècle en siècle, elle incarne l'esprit un maître et d'un atelier. Elle incarne une personnalité singulière, un style unique, une inspiration originale. Selon les artistes, sa présence est discrète, envahissante ou sibylline. Aujourd'hui, la signature représente un certificat d'authenticité et détermine, pour l'amateur et pour le marché, la valeur des euvres. Elle devient parfois une ceuvre elle-même. Plus encore, dans les cas où l'autographe est plus connu que l'artiste, la signature devient une marque, un logo : on achète un nom et non plus de l'art. La griffe de l'artiste Le terme de signature dans l'art n'est consacré qu'au début du 19e siècle. Avant cette période, on parlait du «monogramme », du « chiffre » ou du « nom » de l'artiste parce qu'on «signait» seulement les actes contractuels. |