Membre fondateur de l'Oulipo en 1960, il considère la littérature comme inutile mais indispensable, et son « exclusive passion » est d'écrire poèmes, romans, nouvelles, théâtre, essais... Dans ses poèmes s'exprime sa virtuosité verbale et mathématique : ses 41 Sonnets irrationnels (1965) inventent une nouvelle forme de sonnet à partir des premiers chiffres du nombre (strophes de 3, 1, 4, 1 et 5 vers). Dans ses romans, il privilégie l'humour et l'émotion, et jamais son goût pour les contraintes ne nuit à la liberté ludique. Adieu Sidonie (1969) est ainsi un récit très construit en 60 chapitres, 5 par jour, pour 12 jours, dont les péripéties sont la reprise hypertextuelle de 12 œuvres célèbres.
Gallimard écrit en présentation du livre "un récit un tantinet agté se doublant d'un périple littéraire. Chaque chapitre son décor, sa flore, sa faune, son climat. Les lecteurs s'amuseront (si ça les amuse) à retrouver Flaubert, Queneau, Jarry, Sterne, et jusqu'à l'auteur d'Adieu Sidonie qui n'hésite pas à se parodier lui-même sans façons".
Dans les chapitres sont dissimulés tout juste assez peu pour que le lecteur puisse les reconnaître, dans l'ordre chronologique inverse de leur parution : ainsi Vian et son Herbe rouge ponctue le chapitre I, Queneau et Le Chiendent, le chapitre II, Joyce et Ulysse le chapitre III, plus loin Jarry et L'Amour absolu, Proust qui commande la description d'un vitrail, Bouvard et Pécuchet celle du jardin de l'organon du Collège de Pataphysique, et, pour finir, Dante, et l'on a encore traversé Tristram Shandy, Arsène Lupin, l'entomologiste Fabre, le Dom Juan de Molière, le Testament de Villon ; dans Rouge Grenade (1976), la trame du récit est oblitérée, rendue inapparente par l'articulation souple des événements et une écriture d'une surprenante légèreté, quand ce roman est un des plus construits qui soient : soixante chapitres, douze jours (5 chapitres par jour) et trois thèmes (l'amour, la sauvagerie iconoclaste des touristes, un colloque qu'on peut supposer normand et de Ceri sy, quoiqu'il se passe sous le soleil du Midi).
41 sonnets irrationnels, écrit en 1965, est basé sur le nombre Pi.
source Oulipo :
Un Sonnet irrationnel est un poème à forme fixe, de quatorze vers, dont la structure s'appuie sur le nombre pi (d'où l'adjectif irrationnel). Il est divisé en cinq strophes successivement et respectivement composées de : 3 – 1 – 4 – 1 – 5 vers, nombres qui sont, dans l'ordre, les cinq premiers chiffres significatifs de pi.
(Le suivant est un 9; c'est pourquoi on donne habituellement, comme valeur de pi, 3,1416, qui est la meilleure approximation de 3,14159).
Les deux strophes à vers unique (strophe II ou vers 4, et strophe IV ou vers 9) se comportent comme une façon de refrain.
Le poème est bâti sur quatre rimes A,B,C,D. Les rimes A et C sont de même sexe, et de sexe opposé à B et D. Il faut 4A, 3B, 4C (pour cinq vers) et 2D.