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LES PRIX LITTERAIRES

Il est assez surprenant que dans les créations intellectuelles et artistiques, globalement, en dehors de l'industrie cinématographique, le livre soit l'un des rares domaines (nous excluons bien sÛr la science), à définir chaque année des lauréats de prix littéraires, en présentant les "meilleurs" livres, sur des dizaines de catégories, choisis par descentaines de jurys, naturellement indépendants, et ce partout dans le monde (ou presque). Si notre connaissance des prix littéraires est en France plutôt présente chaque année, avec le Goncourt (créé en 1902), Interallié (1930), Renaudot (1926), Femina (1904), Médicis (1958), Prix des libraires (1955), SGDL (Société des gens de lettres, 1947) et plusieurs autres récents (avec une visée commerciale, livre Inter, Lectrices de Elle, FNAC, ... ), le point d'orgue au niveau mondial est le prix Nobel de littérature. A l'automne chaque année, le prix est communiqué comme l'apogée des oeuvres créatrices de tous genres.
Il ne faut pas passer sous silence les différents prix, plus discrets, décernés par telle ou telle institution culturelle, ou telle ou telle ville, comme le prix littéraire de la ville de Caen, de Quimper, Sens, Montélimar, Belfort, Hossegor... nous n'allons pas énumérer les villes développant un tel prix pour à certains égards justifier des budgets culturels, même si la promotion de livres reste une bonne activité.
Nous aurions un regard réducteur si nous n'évoquions pas ce qui se passe à l'étranger, où globalement les grandes capitales discernent chaque année une oeuvre littéraire. L'Allemagne, gros contributeurs de prix, le Japon, les USA, l'Italie... ce sujet est complètement mondial. Oserions-nous dire mondialisé ? L'impact d'un prix littéraire est plus vaste que son lieu de remise. Pour le prix Nobel, cela se comprend, mais d'autres prix internationaux font l'objet par la suite de leur attribution de traductions et donc de diffusions dans de nombreux pays.
L'on retrouve aussi les prix par thématique : prix du roman policier, de la jeunesse, de journalistes, de sciences, pour adultes, en biographies, ... Pour la jeunesse, dans le monde il y aurait plus de 200 prix attribués sur ce domaine.
La liste serait au global très très longue ; il faudrait même faire un catalogue des prix littéraires pouvant remporter celui de l'originalité du thème.

Si la peinture, la sculpture, la musique et autres arts sont aussi "labellisés" pour faire émerger des talents ou mettre en avant tel ou tel artiste acquis ou en devenir, le livre est sans contexte le domaine où les prix sont plus largement diffusés. Même si la nature commerciale de nos économies est celle de la masse, il faut relativiser par l'ancienneté des prix littéraires, où à leur lancement où le livre avait une vraie valeur quotidienne. Actuellement -cela veut dire depuis nos sociétés consuméristes-, il l'est en tant que produit de consommation courante, mais peu importe, il représente suffisamment d'affect et de lien dans le collectif des populations pour que ces prix vivent et soient des guides à ceux qui ont besoin d'être guidés.
Nous n'avons toutefois jamais laisser supposer que tel prix reflétait naturellement une qualité littéraire absolue, mais le grand public a besoin de référence, et ces prix les présentent. Si un titre plait, il est fort à parier que d'autres titres du même auteur soient également achetés (ou loués pour les adeptes des bibliothèques publiques). C'est donc un écosystème entre l'écrivain, les librairies, les médias et les éditeurs au profit de tous ses acteurs et des lecteurs naturellement. Notre credo reste identique : que le livre passe par la sphère médiatique et consumériste, peu importe, la priorité reste celle de la diffusion du livre, de la création littéraire et seule la diversité produira des oeuvres à la fois exceptionnelles et courantes pour les lecteurs de tous ordres. Outil de sociabilisation, de culture, de liberté, de connaissance, le livre, numérique ou non, parce qu'il recouvre des sphères très diverses et disparatres est catégorisé comme les catalogues ; il n'est pas anormal alors que certains sortent de l'ombre pour se révéler au plus grand nombre. Le talent se retrouvent plus souvent dans les prix littéraires mais tout ne peut pas être primé et chaque choix est personnel masquant d'autres talents (même si les jurys sont collectifs, ils répondent à une orientation précise qu'ils se fixent chaque année dans l'esprit premier naturellement du prix concerné). Comme toutes distinctions, les prix peuvent être frustrants pour ceux et celles qui ne sont pas connus, mais en matière littéraire, même au sens le plus large, il n'y a pas de vérité, et les jurys ont une sélection sur laquelle lire, décider et voter

Il est à noter qu'à l'ère d'une globalisation très forte, le livre, non issu d'un prix littéraire, ne soit pas plus impacté par cette mondialisation, c'est-à-dire que l'on est loin d'une période où des écrivains et des éditeurs (entre autres), à la lecture d'oeuvres étrangères, voyagaient, lisaient, découvraient puis, séduits, traduisaient des oeuvres étrangères, par passion et pour faire partager d'autres talents, d'autres richesses. Mais non, tel prix international n'est pas forcément connu ailleurs que dans sa sphère locale, sauf à rentrer dans des circuits "commerciaux" établis entre éditeurs, notamment lors de salons littéraires. Sans que nous n'ayons de vue très arrêtée sur le sujet, peut-être qu'un jour l'intelligence artificielle de Google, Facebook, IBM iront encore plus vers la traduction d'oeuvres étrangères, en partant pourquoi pas des prix littéraires pour donner à la découverte littéraire un socle déjà établi.
Chaque métier a ses contraintes, ses joies et ses récompenses. Rien ne peut être égalitaire, et le prix d'un livre n'enlève rien à la qualité de ceux qui n'ont pas été primés. Le surprenant prix Nobel de littérature 2016 à Bob Dylan en est une illustration récente (certes il a beaucoup écrit mais des écrivains reconnus auraient pu être nobellisés ; JL Borges n'a jamais eu le prix Nobel...).