LES LIVRES A LA DEMANDE
Et si une partie de l'avenir du livre était ce(ux) que l'on pouvait se constituer soi-même ? Au gré de ses envies, de ses lectures, de ses humeurs ou centres d'intérêts. Un nouveau modèle économique à prendre en compte, pour sauver et relancer le livre serait le LOD, le livre à la demande, à l'instar de la VOD (un acronyme barbare de video on demand...). Associer le livre aux révolutions technologiques n'est pas le noyer inexorablement vers le livre numérique qui à notre sens est aculturel pour tous avec un risque de perdre nos repères historiques de cette Europe culturelle qu'il faut absolument préserver. C'est en fait le faire évoluer pour une diffusion plus grande.Wikipedia permet avec un compte utilisateur activé d'utiliser une option peu connue donnant la possibilité d'ajouter tel ou tel article dans un livre d'abord virtuel pour ensuite le finaliser et le commander à l'impression pour recevoir quelques jours après une version papier d'une grande qualitéde réalisation, à faire palir n'importe quel éditeur. La société allemande PediaPress réalise cette prouesse d'imprimer à la demande un livre individualisé. Le concepteur permet de faire fonctionner tous livres à la demande issus de tous wiki. Le livre peut être imprimé en noir et blanc ou en couleur, l'on peut choisir le titre, la couverture qui apparaissent et sur la couverture et sur la tranche. L'index est créé automatiquement en fin de livre avec les pages associées.
Plus récemment, la société d'édition française LEXITIS propose aussi, après un tirage de base, la version de son catalogue de livres à éditer sur demande, à l'unité pour le recevoir chez soi quelques jours après. Quelle avancée ! Même si d'autres tentatives ont eu vers les années 2000 en tout début de la maturité de la technologie web, l'avenir de se constituer sa bibliothèque personnelle a un réel avenir, entendons une bibliothèque réelle et non sous forme d'e-books. Si les éditeurs avaient tout leur catalogue en livres digitaux à faire imprimer, il y aurait une relance du livre à tous niveaux. La crainte que l'on pourrait cependant entrevoir srait une uniformité des livres (format, papier, typographie...). Mais si le marché de l'édition numérique convertie en papier progressait plus, d'autres avancées verraient le jour pour introduire plus de souplesse : qualité du papier, format, grammage, typographie, découpe, etc.
Et d'autres belles initiatives apparaissent, dont celle de la société lilloise REPROCOLORavec son site "thebookedition.com". Le concept économique est brillant et innovant : en tant qu'imprimeur (numérique notamment), la société a développé tout un écosystème intégrant la chaine verticale du livre : un auteur quelconque conçoit son livre, le soumet au site, dans une des 9 collections déjà constituées. L'auteur fixe le prix de vente (le prix de fabrication + les royalties). L'on peut alors acheter des livres à la demande, à l'unité même, en couleur ou noir et blanc. Fini les tirages minimum, le risque de l'éditeur, les sujets de rentabilité. L'imprimeur y gagne avec un site web complet et riche de livres à imprimer, l'auteur aussi car il maitrise le prix, le contenu, sa diffusion (en partie sauf si le site devient incontournable et référent). L'intégration imprimeur/éditeur, pas si naturelle que cela, est originale et pertinente.
Les PUF (Presses Universitaires de France), 3 millions de titres à leur actif (dont 350 000 en français), ont ouvert à Paris une libraire de livres à la demande (5000 titres pour l'instant, et ce n'est pas fini). Pour 130 pages, il faut compter 5 minutes et 25 secondes exactement pour voir son livre sortir de la machine, qui elle-même coute environ 150 000 euros.
Il est vrai qu'il y a encore une étape, celle de la diffusion en librairies ou dans le large circuit du livre pour développer l'audience. Cela viendra certainement, avec des partenariats plus engageants entre éditeurs traditionnels, éditeurs web comme Amazon Chapitre, la FNAC... et ces sociétés d'impression à la demande. Un titre disponible sur Amazon ou Google Books permet d'y voir la couverture, la 4e de couverture, le sommaire, quelques pages, et des avis de lecteurs (valent-ils mieux que les conseils de libraires ? Dans un sens on peut l'affirmer car les avis sont nombreux et désinteressés). L'on pourrait donc se faire livrer ledit livre, mais l'on pourrait aussi combiner des livres, des portions de livre, des chapitres... Ou même partir d'e-books, et faire imprimer tout ou partie de livres en un seul. Tout est à construire., même si cela prendra du temps (en organisation, indexation, concept, business model).
Le livre numérique qui se transformerait en papier serait un mariage unique entre l'informatique, l'expérience utilisateur simplifiée, le livre numérique impersonnel et le livre papier que l'on a plaisir à prendre en main, qui fait la richesse de notre culture.